1. |
Le temps des oiseaux
04:42
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Tandis que le matin berce les animaux
les faucons pèlerins livrent au vent bataille
Opposant leurs poussées à celles des rafales
parfois, planant, dociles, à l’ombre d’une étoile.
À l’assaut du soleil, se dressent les lupins
les jaunes primevères s’évitant du bouton;
petites fleurs semées dans la brise légère
le vent dans l’herbe à foin, tout autour des maisons.
Derrière les grands oiseaux, une calligraphie.
Le ciel est bleu corbeau et rempli de son cri
mais moi, je désespère de pouvoir t’enlacer
au milieu de l’hiver, tout comme au mois de mai.
Et le soleil s’allonge sur le toit des maisons.
C’est rouge et rien ne bouge, et rien à l’horizon.
Pourtant, les nuit sont longues, chargées de souvenirs
tout comme dans le noir où tout peut survenir.
Quand l’escargot quitta sa coquille striée
tous les moineaux fouillaient dans les plis du sous- bois
pour trouver un rameau, des tessons et des plumes
et se faire un berceau plus léger que la brume.
Les oiseaux, tout l’hiver, dans leur mémoire d’oiseau
avaient enregistré́ paysages du monde
et moi je désespère d’enfin te retrouver
dans la sombre nuée où les orages grondent.
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2. |
La souris somnambule
02:43
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Sur la pente vêtue de mousse
Au milieu de ce cœur gelé́
Une souris, pour le printemps
Nettoie son joli potager
J’entends le bruit des oisillons
Dans leur bain, au milieu d’un tronc
J’entends sous terre un doux ruisseau
Surprenant le pas des blaireaux
Ne réveillez pas la souris somnambule
Quand sa barque noire sur l’eau déambule
Car on ne sait pas si les somnambules
Rêvent de la terre ou bien de la mer
Somnambule veut dire funambule
Funambule marchant endormi
Sur la corde entre jour et nuit
La souris sème des radis
Si jamais elle trébuche et tombe
Elle tombe et tombera sans bruit
Comme une fleur de pommetier
Dans les draps douillets de son lit.
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3. |
Les enfants des souris
03:40
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Les enfants des souris
avaient les joues rosées
quand ils ont traversé
l’océan en radeau
Ils ont rejoint le port
les yeux si fatigués
que la lune avait tort
de les illuminer
Car c’était une mer
qui changeait les enfants
en petits centenaires
aux longues chevelures d’argent
Les enfants des souris
savaient lire l’avenir
Dans la fumée de cigare
dans les larmes de renard
Ils avaient fait des nids
de restes de repas
Dans les tas de débris
et dans les pianos droits
Ils s’endormaient les nuits
de tonnerre et de pluie
Dans les paniers d’ordures
se mettaient à rêver du futur
Un jour un comédien
déguisé en oiseau
Qui frappait à la porte
de leur petit piano
Leur dit : mes beaux enfants
un bateau vous attend !
Emportez un atome
au creux de votre paume
Quelques ongles rongés
une miette et un baiser soufflé
Les bateau les conduits
dans un vieux cinéma
où passait à minuit
un film en noir et blanc
dans la salle enfumée
les enfants rassemblés
regardaient à l'écran
une souris caché
qui s'était endormie
comme une feuille de thé
dans une porcelaine
et rêvait qu'elle avait rêvé.
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4. |
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La lune était un diamant
Poussant des hululements
Au fond de la nuit
Et brillait l’herbe des champs
Comme une neige au printemps
Qui a fait son lit
La lune était un caillou
Et nos deux cœurs aussitôt
Sont tombés dans l’onde
Et nos cœurs au battement fou
Faisaient des cercles dans l’eau
Vers les rives du monde
Tu rejoins, la nuit, les fées
Tu as perdu ton tablier
Tu arraches au cœur des pommes
des pépins et des atomes
des atomes et des étoiles
Tu les gardes dans ta main
Si demain ne nous revient
Secoue fort ton petit poing
Les herbes folles grouillaient
Non pas de lucioles, mais
Des éclats de voix
Quand la lune s’est couchée
La souris l’a vue tomber
dans la gueule des louves.
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5. |
Je vois tes yeux
04:27
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Je vois tes yeux dans un pommier
Ton museau fouillant le groseillier
Le feu dans tes pas enneigés
Tes joues de rouge barbouillées
Un panier rond dans le frimas
À trois petits pas des champignons
Ton rire dans un nid d’abeilles
Une mûre mûre sous l’orteil
Dans ton chaudron dansent les bulles
Avec un pétale de calendule
Et l’eau des bettes éclatées
Donne à ton minois reflet rosé
Un jour de bien joyeuse humeur
J’ai volé au potager ses fleurs
Et j’ai trouvé dans le muguet
Ton portrait de la même couleur
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